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S'il faut attendre les années 1970 en URSS pour voir apparaître à nouveau la performance, mise en suspens depuis les avant-gardes historiques, c'est avec la confidentialité de gestes non reconnus comme artistiques par l'art dit officiel (on parle alors d'un art « non officiel » ou « non conformiste »). Autour de ces gestes se forment de nouvelles communautés : les limites inhérentes à l’absence de réseau institutionnel ou d’organes critiques à même de diffuser ces propositions deviennent alors les contours d’un nouveau réseau artistique de partage, de diffusion et de débats. Différents groupes viennent se joindre à ce réseau, au sein duquel s’échangent tour à tour les rôles d’acteur, de critiques, de spectateurs. Cette circularité interne laisse transparaître un tissu interrelationnel au sein duquel dialoguent différentes positions artistiques et esthétiques. Cette exposition s’offre comme une traversée de ce fin maillage. 

La décennie 1975-1985, coïncidant avec la stagnation du règne de Brežnev, constitue à tous égards le pic de cette dynamique. Période expérimentale par excellence, cette dernière se caractérise par l’affirmation d'un « corps collectif » dont la performance apparaît comme le genre emblématique. La performance (souvent désignée comme « action »), à défaut d’envisager le brouillage entre l’art et la vie (comme chez Kaprow), propose plutôt un brouillage des frontières entre sujet/objet ou auteur/spectateur. Quatre groupes d'artistes ont été choisis pour approcher ce « continuum » : Gnezdo (litt. Nid), Mukhomor (litt. Amanite), Actions collectives et SZ (Skersis-Zakharov).

Si la première décennie d’essor du mouvement non conformiste jusqu’à la fin des années 1960 est marquée par une quête d’authenticité et de vérité, en particulier dans la peinture mais aussi dans un certain style de vie (mode de vie bohème ou quasi religieux), la décennie 1975-1985 voit l’émergence d’une nouvelle génération et de formes artistiques plus extraverties qui viennent rompre avec le désir d’intériorité porté notamment vers le culte de la peinture. L’exposition dite Bulldozer, organisée le 15 septembre 1974 sous l’impulsion d’Oskar Rabin en plein-air en dehors de Moscou, détruite sur ordre de Brežnev, « libère » les artistes. On cherche alors à sortir de l’espace clos du tableau et de l’atelier. Cette sortie marque également un premier pas vers l’espace public. 

Le milieu des années 1980 est marqué par le début de la Perestroïka et d’importants bouleversements sociaux qui influent sur la trajectoire de ces collectifs : l’aspiration à une création individuelle semble alors reprendre le dessus, voyant le corps collectif s’éroder petit à petit pour laisser place à une autre histoire.

  • L’exposition est organisée par Nicolas Audureau et Emanuel Landolt
  • Avec le soutien de Olivier Georges Mestelan
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