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Cette exposition donnait un aperçu du travail de Carmen Perrin (*1953) depuis ses premières expérimentations en sculpture, dans les années 1980, jusqu’à sa pratique actuelle. Elle mettait en lumière l’affinité de l’artiste pour les matériaux industriels et pour les outils de manutention, qui constituent la matière première de ses œuvres.

Née à La Paz en Bolivie, c’est à Genève, où sa famille s’établit en 1960, que Carmen Perrin réalise l’essentiel de son parcours. Son engagement politique militant au sein du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) accompagne ses premières années d’études à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève (1977-1981), où elle enseignera de 1989 à 2004. Dès les années 1990, son intérêt s’étend à la relation entre l’œuvre et son environnement d’exposition. Elle intervient fréquemment dans l’espace public, notamment genevois, pour lequel elle réalise du mobilier urbain et des interventions pérennes : par exemple, les monticules de béton sertis de formes de fossiles, destinés aux jeux des enfants, sur la Plaine de Plainpalais (Ils passent, 2012), ou encore le portail d’entrée de la gare Cornavin, percé de vitres rondes et colorées (Noir ductile, 2013).

Les sculptures de Carmen Perrin conservées au MAMCO ont été réalisées dans les années 1980 et formaient le cœur de la présente exposition. L’artiste modèle alors la matière en la mettant sous tension. Les objets qu’elle crée, constitués de matériaux industriels (acier, caoutchouc), artisanaux et naturels (briques, pierres), existent grâce à un jeu d’assemblage, de fils tendus, de pinces ou d’un lestage. Chacun est soumis à une force physique, centripète ou centrifuge, ou encore celle de la gravité, qui modifie la forme et la maintient en équilibre. Les sculptures, simplement posées au sol, existent ainsi autant par les matériaux qui les composent que par les forces en action qui les tendent. Elles dialoguaient ici avec des bâches en caoutchouc fixées au mur, dont le motif est créé par des perforations, soit par la soustraction méthodique et répétitive de la matière.

La seconde salle de l’exposition présentait un volet plus récent du travail de Carmen Perrin : au tournant du millénaire, celui-ci devient plus narratif. La main et le geste y sont clairement cités, tant l’artiste compose ses œuvres à partir d’objets utilisés dans la construction et l’artisanat (gants, hameçons, mètres-rubans, plaques de polycarbonate « nid d’abeilles »). Leur appropriation et leur détournement relèvent à la fois de l’acte esthétique et de l’impertinence. Pour autant, on y retrouve les mêmes forces à l’œuvre que trente ans plus tôt : par une intervention simple, par la tension et l’assemblage, le matériau utilitaire est rendu à la forme.

  • Exposition organisée par Elisabeth Jobin
LE MAMCO TIENT À REMERCIER SES PARTENAIRES
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