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Après avoir terminé sa formation à la Schule für Gestaltung de Lucerne, Hannah Villiger (1951-1997) se définit dès 1974 comme « sculptrice ». Un art qu’elle a voulu travailler, en opposition avec la définition habituelle de ce domaine, en deux dimensions – en l’appliquant à la surface plane de la photographie. Après avoir réalisé quelques objets, tels que des lances et des javelots, elle délaisse en effet les techniques du fer ou de la terre pour se consacrer entièrement à la photographie. Ses premiers enregistrements sur la pellicule (une boule de pétanque en mouvement dans le sable, un dirigeable traversant le ciel) lui permettent de donner à ces « événements éphémères » le statut de sculptures. Non comme des volumes mesurables, mais comme des « expériences de la perception ».

Dès lors, liant intensément sa vie et son travail artistique, Hannah Villiger concentre sa démarche sur son propre corps. Contrairement aux performances du Body Art de cette époque, elle se concentre sur une représentation de son corps dénuée de violence ou de sexualisation : une oreille, les plis du coude de son bras plié, les marques du vieillissement de la peau, ses doigts musclés, ses pieds osseux – tous ces « moments du corps » sont mémorisés sur des Polaroïds (processus instantané qui ne nécessite pas de temps de développement) et contrecollés sur une fine plaque d’aluminium. Les premières œuvres, de petit format, se déploient en séries, comme si l’artiste tenait un journal intime. Par la suite Hannah Villiger les agrandit, les présentant individuellement (Skulptural) ou les organisant en une composition rythmée (Block XXXVIII, 1994-1995). 

Travaillant sans trépied, elle déplace délicatement son objectif, qu’elle fait glisser sur son corps, s’attardant sur ses détails avec une précision minutieuse, déréglant ainsi notre perception. Chaque partie, chaque parcelle de peau est à l’image du tout. Intimes, puisqu’il s’agit de son propre corps, ces fragments ne se referment cependant pas sur un récit privé, mais interrogent ce que le corps, le sien comme celui d’autrui, porte comme traces d’expériences.

  • L’exposition est organisée à partir des collections du MAMCO par Françoise Ninghetto
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