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House Beautiful: Bringing the War Home

Bringing the War Home est une série de 20 photomontages réalisés entre 1967 et 1972 par Martha Rosler, qui comprend deux volets : In Vietnam et House Beautiful. Les photomontages réunissent deux univers antagonistes : des intérieurs modernes qui véhiculent une image de sécurité et de bon goût, et des scènes de la guerre du Vietnam qui insistent sur le premier conflit retransmis à la télévision – surnommé « the living-room war » par l’écrivain Michael Arien, afin de souligner l’intrusion des images de guerre au cœur des logis américains. Martha Rosler reprend cette confrontation, imposée au moment des journaux télévisés, en intégrant des images de violence en noir et blanc dans des espaces domestiques en couleur. Les images sources proviennent pour la plupart des pages de House Beautiful et de LIFE Magazine, deux importants magazines illustrés de l’époque.

Pendant les années 1970, ces images sont diffusées dans la presse alternative et féministe (comme Newspaper for San Diego Women) ou sous forme de flyers anti-guerre du Vietnam, contre laquelle milite Martha Rosler. Les artistes féministes se mobilisent d’autant plus contre la guerre du Vietnam qu’elles pointent le lien qui existe entre « militarisme et patriarcat, guerre et masculinité » et les stratégies visuelles qui en découlent dans l’utilisation du corps des femmes. Ce n’est qu’en 1991 qu’elle choisit de les montrer dans un contexte de galerie pour prévenir leur disparition.

Cleaning the Drapes, par exemple, montre une femme braquant son aspirateur, porté en bandoulière comme s’il s’agissait d’un micro, en direction d’une scène de tranchées. Au-dessus de Pat Nixon, épouse du président Richard Nixon qui intensifia la présence américaine au Vietnam, apparaît dans un ovale classique la représentation d’un corps de femme crispé sous les balles. C’est la scène finale du film Bonnie and Clyde (1967) ; c’est aussi l’une des scènes de mort les plus sanglantes de l’histoire du cinéma. Lissée et apprêtée, la First Lady ignore les convulsions de la figure hors-la-loi, alors que les mêmes règles sociales scellent le destin de chacune.

A l’instar des artistes de sa génération, fortement politisée, Martha Rosler ne peut demeurer sourde aux conflits de tout ordre qui déchirent le monde et sur lesquels l’art ne peut faire l’impasse.

  • Exposition organisée par Sophie Costes
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