Artiste suisse né à Hanovre, Dieter Roth (1930-1998) a exploré aussi bien la sculpture que la peinture, le livre d’artiste et la poésie concrète, les techniques de l’estampe et le film. Dans cette œuvre profuse, aux allures d’archive infinie, où tout – y compris et surtout les objets les plus misérables – peut devenir matériau pour l’art, les Inselbilder peuvent faire figure de paradigme. Alors qu’il vit en Islande, Roth commence, dans la deuxième moitié des années 1960, à accumuler de manière chaotique diverses matières, notamment organiques et périssables, sur des plateaux de plâtre et de métal. Il forme ainsi des îles au devenir entropique, qui portent dans leur processus de construction les facteurs de leur destruction. Le MAMCO en présentait six, dans une salle du troisième étage, qui seront réexposées à de nombreuses reprises. L’importance de ses travaux dans l’œuvre de Roth tient à ce que s’y concentre son intérêt pour les matières impures, pour la captation du quotidien, pour l’impermanence des objets et pour la métaphore de l’insularité.