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Apparus sur la scène artistique new-yorkaise à la fin des années 1980, Cady Noland, Laurie Parsons et Félix González-Torres portent les investigations menées par la « Pictures Generation » sur un terrain plus explicitement politique. Par le réemploi de formes issues de l’art minimal et du Pop, les trois artistes mènent une critique acerbe de l’idéologie américaine et de sa violence symbolique, interrogeant à nouveaux frais les relations ambiguës qui se nouent entre espace public et privé.

Entre images et sculptures, les sérigraphies sur aluminium de Cady Noland font apparaître des héros et martyrs de l’histoire récente, tels qu’ils furent mis en scène par les médias de masse. Parmi eux, Patty Hearst, héritière d’un magnat de la presse, enlevée par un groupe terroriste d’extrême-gauche dont elle finira par épouser la cause, ou Vince Foster, conseiller à la maison blanche dont les raisons du suicide en 1993 restent troubles. Une violence latente se perçoit également dans ses sculptures tubulaires, qui évoquent autant le mobilier urbain que l’univers carcéral, et dans ses paniers d’objets, natures mortes d’un capitalisme à l’américaine où tout peut se consommer, les marchandises comme les êtres humains.

Dans une logique similaire, les amas  de « choses » choisies par Laurie Parsons portent les stigmates de l’abandon et de l’érosion du temps. Les rebuts qui les composent ont perdu toute identité, tout usage, toute fonction. Une dimension entropique qui n’est pas sans évoquer des pratiques comme celles de Robert Smithson. Ces petits naufrages urbains prennent dans le musée une force particulière, invitant sauvagement la rue dans le réceptacle de la culture.

Prenant les contours d’œuvres minimalistes ou conceptuelles, les œuvres de Félix González-Torres sont en réalité investies d’un fort contenu politique et identitaire, dans un va-et-vient permanent entre sphère publique et intime. Ainsi ses portraits mettent sur le même plan la biographie d’un individu et les évènements historiques dont il est contemporain. Ailleurs, la propre vie de l’artiste surgit derrière deux ampoules qui renvoient à la mort de son compagnon. C’est, enfin, le spectateur lui-même qui est invité à prendre part directement à l’œuvre : il peut en effet emporter certains éléments des pièces et participer, ainsi, à leur dissolution dans l’espace public et leur dissémination dans la sphère intime, voire dans son propre corps.

  • Exposition organisée par Paul Bernard et Lionel Bovier
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