Fire Piece
« Michel-Ange de l’art électronique », « missionnaire visionnaire », « terroriste culturel » : les qualificatifs s’accumulent pour évoquer le pionnier de l’art vidéo Nam June Paik, né en Corée en 1932 et mort à Miami en 2006. De ses premières performances aux installations multimédias, en passant par les bandes vidéo, les « télévisions préparées » et les « sculptures vidéo », la contribution de Paik à l’histoire et au développement de l’art vidéo est considérable.
Avec un sens aigu de l’humour et de la provocation, il élabore sans répit des stratégies vouées à déconstruire et réinventer le langage, le contenu et la technologie de la télévision. « L’art vidéo, ce n’est pas seulement un écran et une bande, c’est la vie toute entière » avance celui qui aurait créé la première pièce d’art vidéo en filmant en 1965, à New York, depuis un taxi, le pape descendant la 5e avenue et en montrant ces images le soir-même dans le café Au Go-Go.
Réalisée en 1992, Fire Piece est une installation vidéo de grande ampleur. Elle se compose de télévisions noires qui diffusent toutes des images d’un feu en couleur. Paik utilise la télévision, objet fétiche de son art, à la fois comme une forme à part entière et comme outil de diffusion d’images. Le tas d’objets technologiques dont se détachent les images mouvantes et colorées illustre particulièrement bien ce rapport entre l’objet télévisuel – sculpture, si l’on veut – et la diffusion d’images – le feu et la couleur.
On peut aussi y voir une critique acide d’un certain confort télévisuel, celui qui amène nombre de consommateurs à allumer leur télé pour y voir activé un simple feu de cheminée pendant une journée entière… C’est ce monde-là et son assurance qui s’effondrent devant nos yeux.
- L’œuvre a été offerte au MAMCO par la Zurich Insurance Company Ltd en 2019