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Ángeles Marco (1947-2008) est une figure incontournable du renouveau de la sculpture espagnole pendant la Movida (la transition culturelle des années 1980-1990) dont Valence fut un épicentre. 

Entre 1974 et 1992, Ángeles Marco produit quatre grandes séries de sculptures dans lesquelles elle inclut des sons et des textes, ainsi que des indices personnels comme sa voix et son corps. Les matériaux constitutifs de ses œuvres (fer, caoutchouc, toile, tissus, négatifs photographiques, textes, sons) ne les confinent pas à une tradition académique, mais portent au contraire la trace d’une réflexion sur l’après du minimalisme américain. 

Avant d’enseigner à la Faculté des beaux-arts de Valence, elle soutient, en 1987, une thèse de doctorat sur « Image et fiction. Analyse d’un processus créatif en sculpture » – dialogue entre philosophie et sculpture qui influence les propositions artistiques qu’elle mène en parallèle. Son œuvre, qui procède par cycle, témoigne d’un intérêt pour les antagonismes (espaces réels/fictionnels, construction/déconstruction, formes pures/métaphoriques) et l’exploration de différentes modalités de l’espace (réceptacle, pont, escaliers, passages, fenêtres). 

C’est son exposition à l’IVAM de Valence El taller de la memoria (La Mémoire de l’atelier) en 1992, qui la fait connaître en Espagne. A travers la présentation de six installations monumentales, il ne s’agissait pas seulement d’évoquer le stockage de la mémoire individuelle et collective, mais d’une véritable visite d’un atelier imaginaire déployé dans l'espace muséal. 

Les séries Suplemento (1990-1992) et Suplemento "entre" (1992-1996) se développent ensuite autour de ce processus de fragmentation narrative et de suggestions personnelles qui demeurent elliptiques. Tout peut désormais être copié et enregistré, multiplié et transformé : paroles, écrits, formes et images. Les textes qui apparaissent sur les négatifs photographiques de l’œuvre Texto-Entre proviennent, par exemple, de bribes de la définition du « supplément » par le philosophe Jacques Derrida, mises en boucle.

La maladie, qui interrompt un temps sa carrière, ainsi que sa position d’artiste femme intransigeante, ne lui ont pas permis de faire reconnaître sa pratique sur la scène internationale, malgré des expositions en Italie, Suisse, Allemagne et Grande Bretagne. Son œuvre, qui fait l’objet d’une rétrospective posthume à l’IVAM de Valencia en 2018-2019, reste donc largement à découvrir.

  • Les œuvres présentées ici, sélectionnées par Sophie Costes, ont été offertes au musée par Vladimir Stepczynski et Pierre Mirabaud
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