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Vivant et travaillant ensemble, au sein de contre-culture de la fin des années 1960 à Toronto, AA Bronson (né Michael Tims en 1946 à Vancouver), Felix Partz (né Ronald Gabe en 1945 à Winnipeg, décédé en 1994) et Jorge Zontal (né Slobodan Saia-Levy à Parme en 1944, décédé en 1994), formalisent leur collaboration en 1969 sous le nom de General Idea. De leurs premiers projets, comme l’organisation du 1970 Miss General Idea Pageant, à leur initiatives activistes autour du SIDA, General Idea aura exploré tous les médias et développé une pratique qui interroge la culture quotidienne et ses refoulés. Une importante rétrospective de General Idea circulait en 2023-2024 de la National Gallery of Canada, Ottawa, au Stedelijk Museum, Amsterdam, puis au Gropius Bau, Berlin.

Les dessins du groupe sont moins connus et une grande partie d’entre eux n’avaient même jamais été exposés. Les 250 dessins réunis dans ce projet ont tous été produits par Jorge Zontal, qui avait développé une pratique régulière, notamment pendant les réunions quotidiennes du collectif. La conception collective de la signature au sein de General Idea et ainsi que le montre le monogramme « GI » apposé sur les feuilles par Zontal peu avant sa mort, font de tous les dessins une production de General Idea. Les dessins prennent une plus grande régularité et une forme plus stable au déménagement du groupe de Toronto, qui paraissait de plus en plus isolée sur la scène mondiale de l’art, pour New York. Au fil des années 1980, la joie de vivre exprimée par le collectif est assombrie par la crise du SIDA. Cette période est marquée, selon AA Bronson, par « la confrontation et l’intégration de la maladie et de la mort de la plupart de nos amis, ainsi que de Jorge et Felix eux-mêmes ». Un ensemble d’œuvres réalisées dans le contexte du SIDA étaient aussi présentées dans plusieurs salles adjacentes, notamment AIDS (Nauman) qui n’a plus été montrée depuis sa création en 1991.

L’exposition des dessins et la publication qui l’accompagne ont été titrées Ecce Homo pour faire écho à l’ouvrage éponyme de 1923 par l’artiste allemand George Grosz, parce que, selon AA Bronson, « l’antisémitisme présent dans le récit de Grosz renvoie à l’homophobie du nôtre ». La souffrance est sensible dans nombre de dessins, à l’instar des figures trouées ou déformées d’un ensemble de feuilles ou des dernières compositions dans lesquelles Jorge Zontal, qui devenait aveugle, représentait les taches noires devant ses yeux comme autant de cafards. Ces traits sombres coexistent avec des moments plus légers, alors que les figures familières du lexique de General Idea (talons hauts, symboles héraldiques, lèvres en suspension et caniches malicieux) apparaissent. 

Bien que dessinés à la main, le principe de répétition de certains motifs dans ces dessins rappelle le penchant de General Idea pour la reproduction mécanique et fait écho au concept « d’image-virus » de leurs travaux autour du SIDA. Par leur mutabilité et leur rythme, ces dessins ouvrent une fenêtre inédite dans la pratique de General Idea, soulignant le rôle de ces représentations pour formuler des questions personnelles, sociales et politiques.

  • L’exposition des dessins de General Idea était organisée par Lionel Bovier et Claire Gilman, Chief Curator au Drawing Center de New York, où elle fut d’abord présentée
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