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Certaines des productions de Tania Mouraud (*1942) sont marquées par la Shoah, dette envers un père résistant tombé dans le Vercors sous les balles allemandes qui lui trace une destinée : celle de toujours prendre le parti des opprimés – et, de manière générale, celui des femmes. Une façon aussi d’être une citoyenne avertie, de parler de la vie, de ses contradictions et bouleversements tout en se déplaçant entre plusieurs cultures. Car, son œuvre est un creuset où se mélangent des influences musicales (John Zorn, la « noise » japonaise, les sonorités Klezmer, le manifeste « bruitiste » de Luigi Russolo), les chorégraphies de l’art martial indien, des références à l’histoire de l’art (du Journal de Léonard de Vinci aux avant-gardes russes) et aux figures historiques de la résistance (Gandhi, Mandela, Martin Luther King...). 

L’exposition consacrée à Tania Mouraud se concentrait sur ses travaux des décennies 1970 -1980 et notamment les « chambres de méditation ». Ces dispositifs psychosensoriels sonores ou silencieux répondent à un objectif ambitieux : celui d’intégrer une pièce supplémentaire dans les nouvelles constructions. Une forme d’organisation spatiale dans laquelle se recentrer, exister mentalement hors de toute contrainte, faisant le lien entre espace de méditation (« en Inde tout le monde a sa Prayer Room » dit volontiers l’artiste) et Une chambre à soi de Virginia Woolf. 

A partir de 1977, Mouraud recouvre les murs intérieurs ou extérieurs de mots dont elle agrandit au maximum les lettres à l’échelle du mur. Ainsi augmentés, les textes sont plus à déchiffrer qu’à lire, leur compréhension est ralentie ; une façon de se défaire des modes de lecture instantanés imposés par les médias. 

« DCLLDF » (DIEUCOMPTELESLARMESDESFEMMES), phrase tirée de la Kabbale ou « STOPONYOURWAYHOMEJUSTTOLOOKATAFLOWER » prélevée dans Le dit du Genji, premier monument de la littérature japonaise et mondiale écrit par une femme au 11e siècle, comptent parmi les phrases ou expressions qu’elle propose à la réflexion des visiteurs et passants.

L’exposition du MAMCO, intitulée Da Capo, était aussi l’occasion de redécouvrir une œuvre qui appartient à la collection d’art minimal et conceptuel du musée, réunie dans l’Appartement : MENTATION qui renvoie à l’action en cours, au présent de l’expérience, à l’acte même de sentir. Elle est, depuis, restituée dans sa version originale : celle d’un texte imprimé sur bâche.

  • L’exposition est organisée par Sophie Costes
  • Avec le soutien de la galerie Ceysson & Bénétière
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