Amor vacui, horror vacui
Développée dans plus de trente salles des quatre étages du musée, l’exposition était moins conçue comme une rétrospective que comme une nouvelle occasion pour l’artiste de revisiter son travail depuis 1968. Cette remise en scène se voulait aussi plurielle que les formes traversées par ce travail (modernisme, néo-avant-gardes, postmodernisme). Car l’œuvre de John M Armleder (1948, Genève) est littéralement polymorphe : elle n’est pas identifiable à un médium, une procédure, un style ou un univers esthétique. Si le hasard lui est d’un constant secours, c’est peut-être que toute son entreprise vise à minimiser son « effort », c’est-à-dire la part qu’il prend à la mise en œuvre. La figure de l’artiste que postule Armleder serait celle d’un hyperactif désœuvré, d’un
producteur distrait, d’un ingénieur des approximations et d’un génie de l’indécis. Son art, si réussi formellement, s’attache en réalité à mettre en crise la notion même
de réussite et à construire un système d’équivalence entre tous les artefacts culturels de son époque.