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« Chagrin amoureux », « apaisement », « retrait social », « évasion » : les titres élaborés par Gaia Vincensini ont pour sujet le sentiment humain et la psychologie. La manière dont elle joue des formats classiques et mêle les techniques revêt également une dimension sociale. En combinant dessin, gravure, palette graphique, broderie, monotype ou mosaïque, l’artiste s’affranchit des distinctions traditionnelles telles que « art/ artisanat », « académique/amateur » qui renvoient à des mondes de l’art ayant en commun de procéder de relations entre les acteurs d’un réseau (l’auteur et son public, mais aussi ses pairs, critiques, diffuseurs et commanditaires). Quelle que soit la nature d’une production, elle procède d’une interdépendance généralisée : elle est le produit de ce réseau d’acteurs et de leurs subjectivités. Les modes opératoires sont importants pour l’artiste, qui confesse un atavisme familial avec une grand-mère sculpteure, une mère graveure et une tante céramiste.

Dans les œuvres de Gaia Vincensini, on peut reconnaître des enseignes locales et helvétiques juxtaposées à des énoncés existentiels : « La vérité s’exprime par symboles », « warwick/swisscaution/ubs », « trust », « You are a valuable human being ». Elle est attachée à l’hybridité de récits qui véhiculent des indices intimes autant qu’à sa ville, Genève, à laquelle elle emprunte notamment les emblèmes du storytelling corporate, cet art du récit destiné à convertir une entreprise en une constellation de signes positifs.

Pour son exposition au MAMCO, Gaia Vincensini présente un coffre-fort en céramique, écrin muséal pour des sculptures de sa grand-mère et des matrices de gravure qui ornent des panneaux en forme de portes blindées. L’ensemble est accompagné d’un film tourné au sein du musée dans lequel les œuvres de divers artistes font office de décor. Si Gaia Vincensini conjugue les techniques et les récits c’est pour mettre en jeu les systèmes de valeur qui organisent l’art comme la société.

  • Exposition organisée par Julien Fronsacq
  • Gaia Vincensini est la lauréate genevoise du Prix culturel MANOR 2021
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