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En tant qu’artiste, en tant que femme et en tant que mère, Mierle Laderman Ukeles (née en 1939 à Denver, Colorado) fut, pendant les transformations de 1968, marginalisée à la fois par la société et par le monde de l’art. Avec une simple question, « Après la révolution, qui ramassera les ordures lundi matin ? », elle soulignait déjà l’importance d’un travail essentiel à l’élaboration de la révolution et qui serait toujours nécessaire après elle. Cette conviction l’incite à écrire un « Manifeste pour un art de maintenance » en 1969, dans lequel elle fait référence aux mères comme à des « soignantes » et élève le travail domestique des femmes au rang de processus artistique. En affirmant que la valeur d’actions quotidiennes et répétées telles que nettoyer, cuisiner, coudre, changer les draps ou les couches, est subordonnée aux notions de progrès, de nouveauté et d’exaltation qui agitent les avant-gardes historiques, elle ouvre une brèche dans les présupposés idéologiques de ces dernières.

Peu après son manifeste pour un art de maintenance, Ukeles réalise des performances basées sur des propositions qu’il contient. Son attention passe alors de la sphère privée à des questions institutionnelles, soulignant la division genrée et les inégalités sociales sur lesquelles le pouvoir se construit et derrière lesquelles il se dissimule.

En 1976, Ukeles engage une réflexion sur la ville comme maison et la rappelle à son devoir vis-à-vis de l’entretien des infrastructures publiques. Avec la performance longue durée Touch Sanitation (1977-1980), elle devient en effet officiellement « artiste en résidence du Département de la voirie de New York » (New York City Sanitation Department, DSNY), une fonction non salariée qu’elle invente, mais qui définit sa place dans la ville pour les décennies suivantes. Ce projet a pris 11 mois pour se réaliser, en collaboration avec 8500 employés des services de nettoyage de New York et donna lieu à de nombreuses performances, dont certaines sont présentées ici sous la forme de photographies d’archive et de vidéos. Ces documents attestent la sincérité de la curiosité de l’artiste et ses qualités relationnelles dans la communication et la collaboration avec les travailleurs et travailleuses de la DSNY.

Ukeles développe ensuite des chorégraphies et des actions scénarisées pour des véhicules municipaux utilisés dans l’entretien, comme des camions de voirie, des déblayeurs de neige, des barges, des remorqueurs, etc., pour lesquels elle compose de véritables ballets dans l’espace public.

  • L’exposition, organisée par Lionel Bovier et Elisabeth Jobin, faisait écho à celle organisée par John M Armleder sur le stand Ecart de la foire de Bâle en 2022
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